4.05 Cas d'usage, l'outil pour mieux choisir et déployer ses logiciels

Dans cette fiche, on explore la manière dont les cas d’usage sont un excellent outil de stress des logiciels pendant vos phases de refonte d’outil, ou d’intégration initiale d’une solution logicielle. 

L’intégration et la refonte d’une solution logicielle représentent des étapes stratégiques pour un établissement culturel et ses équipes. Qu’il s’agisse d’un CRM, d’un logiciel de billetterie, d’un outil d’emailing ou d’une plateforme de type CDP/DMP (fiche Data Marketing Platform, Customer Data Platform... jusqu’où aller dans la gestion de données ? (lien externe)), ces choix structurants requièrent une grande vigilance dans le choix et l’évaluation des logiciels. 

Nous avons expliqué précédemment comment réaliser son expression de besoin et organiser le déploiement dans son organisation (fiche Piloter un projet de déploiement de logiciel (lien externe)). Dans la fiche ci-dessous, nous vous aidons à mener correctement les discussions avec les éditeurs des logiciels que vous envisagez d’intégrer, en évaluant leurs fonctionnalités au regard de vos besoins réels et non fantasmés ou projetés : l’emploi de cas d’usage vous permettra d’y parvenir. 

Un cas d’usage, c’est un test, une mise en situation d’un outil sur la base d’un scénario correspondant à une situation proche des besoins réels d’un usager potentiel. Cette méthodologie provenant du monde de l’ingénierie des systèmes informatiques permet de tester la façon dont une solution logicielle répond à un besoin fonctionnel.

Pourquoi travailler avec des cas d’usage ?

La force de cette méthodologie de travail réside dans son ancrage dans votre besoin métier : plutôt que de baser votre choix sur des fonctionnalités génériques ou des démonstrations commerciales, une approche par les cas d’usage vous permet de travailler la démonstration concrète du fonctionnement d’un système informatique dans une situation donnée déterminée par vos propres besoins.

  • Les cas d’usage sont alignés sur les besoins métier : cela fiabilise l’évaluation des fonctionnalités du logiciel dans sa capacité à répondre aux usages de l’établissement culturel qui l’envisage.  Pour les équipes, c’est aussi une occasion d’être rigoureux dans la formulation du besoin, et de se mettre d’accord sur celui-ci.
  • L’évaluation du service est objectivée : le test fondé sur un scénario réel permet de limiter le risque d’erreur, ou de mauvaise compréhension du périmètre fonctionnel de l’outil, et de dépasser les argumentaires commerciaux. En effet, les listes de fonctionnalités peuvent prêter à interprétation, et restent le plus souvent imprécises sur la portée de leur périmètre ou modalités de mise en œuvre.
  • Le choix de l’équipement est éclairé et facilité : l’éditeur du logiciel, plutôt que d’expliquer son fonctionnement, va pouvoir montrer comment il répond aux besoins de l’équipement tels qu'ils ont été formulés au préalable dans le cas d’usage.
  • L’adoption par les équipes est facilitée : la conduite du changement est facilitée par l’intégration des équipes concernées dès la phase de sélection et conception. On s’assure une transition plus fluide et une appropriation accélérée.

Comment construire ses cas d’usage

Nous conseillons de construire vos cas d’usage de la manière suivante :

Identifier l’acteur et son objectif

Qui va utiliser le logiciel et pour quel besoin précis ?  
Cela peut être une chargée de billetterie pour faciliter la gestion des tarifs réduits et du remplissage, un responsable communication pour automatiser l’envoi de campagnes marketing personnalisées.  Il peut également s’agir de la directrice de l’équipement souhaitant accéder à des données de fréquentation en temps réel.

Décrire le scénario d’usage

Il s’agit de formaliser les actions attendues de la manière la plus simple, concise et précise en désignant les acteurs, l’objectif poursuivi, les systèmes concernés, et décrire le scénario, ainsi que les critères d’évaluation. 

Exemple : Relancer les spectateurs occasionnels pour les amener à revenir

Acteur : responsable marketing  
Objectif : identifier les personnes venues une seule fois dans les 6 derniers mois et leur adresser une relance ciblée.  
Systèmes utilisés : CRM, billetterie, outil d’emailing

Scénario d’usage :  

  1. L’utilisateur exporte depuis le CRM la liste des spectateurs ayant acheté un billet une seule fois au cours des 6 derniers mois. 
  2. Il segmente ces spectateurs par âge et type de spectacle fréquenté. 
  3. Il crée une campagne email automatisée avec une offre spéciale pour un retour. 
  4. Il suit les taux d’ouverture et de conversion de l’emailing.  

Critères d’évaluation :  

  • L’outil permet-il d’extraire facilement les données souhaitées ?
  • Peut-on créer des segments personnalisés sans connaissances techniques ?
  • L’automatisation de l’emailing est-elle intuitive ?

Par ce test, on évalue la capacité d’un outil CRM à s’interfacer avec notre outil d’emailing et si l’ensemble du dispositif rend effective l’action envisagée.

Identifier les indicateurs de performance

Chaque cas d’usage doit inclure des indicateurs de performance (KPI) grâce auxquels on va mesurer l’efficacité de la solution, et éventuellement arbitrer entre plusieurs solutions.  

On peut prendre, par exemple, comme indicateur pour choisir un logiciel CRM les critères suivants :

  • Temps nécessaire pour obtenir et extraire une liste ciblée de spectateurs. 
  • La capacité du logiciel à effectuer à la fois des requêtes de type « et » et « ou » (c’est-à-dire à agréger plusieurs critères de recherches différents, soit à additionner les résultats répondant à chaque critère).

Ces métriques permettent d’évaluer si la solution est réellement adaptée aux besoins des équipes.

Tester les cas d’usage avant de choisir un logiciel

Une fois les cas d’usage définis, passons à l’étape concrète de mise en place du cas d’usage, pour "stresser" le logiciel et éprouver la solution.

Cette démonstration peut être réalisée par les équipes de l’éditeur logiciel devant vous, ou vous pouvez également demander un accès temporaire à l’outil pour que les équipes puissent tester elles-mêmes. Dans les deux cas, il est important de réaliser un retour d’expérience associant tous les acteurs du test, à l’issue de tous les cas d’usage, pour évaluer collectivement les résultats, et éventuellement opérer un comparatif entre les solutions testées. 

Nous vous invitons à prêter particulièrement attention aux points suivants :

  • La facilité d’adoption par les équipes.  
  • La rapidité d’exécution des tâches essentielles.  
  • Le niveau de réponse fonctionnelle aux cas d’usage
  • La qualité de l’accompagnement et du support client.  

Bien sûr, aucun logiciel ne couvrira 100% des besoins formulés par votre équipe, à plus forte raison de la manière technique dont vous l’aviez envisagé. 

C’est précisément pour cette raison que les cas d’usage sont précieux : ils vous offrent la possibilité de choisir parmi les solutions forcément imparfaites celle qui convient le mieux, avec toutes ses limites actuelles. C’est aussi l’occasion de se rappeler que le meilleur logiciel n’est pas celui qui accumule le plus de fonctionnalités, mais celui qui répond le mieux aux usages prioritaires des professionnels.

Une fois le logiciel sélectionné, les cas d’usage définis lors de la phase de test serviront de base pour la recette préalable au déploiement et à la formation des équipes.  

Pour aller plus loin

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