L’utilisation intensive des cookies soulève des préoccupations en matière de vie privée. Les cookies tiers sont particulièrement visés par les évolutions réglementaires. En effet, les cookies de suivi soulèvent d’importantes inquiétudes, en lien avec la confidentialité :
- Ils permettent de collecter des données détaillées sur le comportement en ligne des utilisateurs, jusqu’à pouvoir créer des profils numériques complets.
- Ces informations peuvent être partagées avec des tiers sans le consentement explicite des utilisateurs.
- Le manque de transparence sur l’étendue de la collecte de données et leur utilisation inquiète de plus en plus les internautes.
D'autant que les modules de recueil du consentement des visiteurs sont très souvent pensés pour décourager, voire empêcher le refus des cookies tiers par des méthodes malhonnêtes (exemples : l’option de refus placée à un endroit peu visible, le pop-up nécessite de décocher un à un les tiers partenaires dans des listes de plusieurs centaines, ou impossibilité d’accéder au site sans autoriser tous les cookies).
En outre, l’efficacité même des cookies de suivi est contestée :
- Malgré les stratégies parfois mises en place pour limiter les refus, les cookies sont souvent bloqués ou supprimés par les navigateurs, avec un taux de rejet atteignant 64 % sur ordinateur et 75 % sur mobile.
- Ils peinent à suivre les utilisateurs entre différents appareils et applications, ce qui conduit à des données inexactes et à un gaspillage potentiel des budgets publicitaires.
Google joue un rôle majeur dans l’avènement d’un Web sans cookies tiers. En effet, dans la mesure où son navigateur Chrome cumule plus de 60 % de parts de marché, ses décisions ont un impact direct sur les pratiques numériques.
En 2020, Google a lancé son initiative "Privacy Sandbox" visant à remplacer les cookies tiers par de nouvelles technologies plus respectueuses de la vie privée. Parmi ces solutions, Google Topics API propose d’attribuer des thématiques d'intérêt aux internautes (ex : "spectacle vivant", "cinéma") sans identifier individuellement les personnes. Les annonceurs peuvent alors cibler ces thématiques plutôt que des profils spécifiques.
L’ensemble de cette migration vers de nouvelles pratiques sans cookies tiers semble pourtant laborieuse, même pour cet acteur hégémonique. En effet, il a déjà reporté par deux fois la suppression des cookies tiers sur son navigateur Chrome, tant elle implique de concilier les commentaires divergents de l’industrie, des régulateurs et des équipes de développement. Initialement prévue pour 2024, cette suppression a été reportée au début de l’année 2025, et se met en place plus que progressivement.
Comment fonctionnent les cookies aujourd'hui ?