2.10. Quels standards du web culturel dois-je utiliser ?

Cette fiche traite des standards du web sur lesquels il est nécessaire de s’appuyer pour que le contenu de votre site soit compris, identifié, et correctement référencé par les algorithmes, donc notamment par les moteurs de recherche.

Les standards du web, véritable colonne vertébrale d’Internet

Les grands standards du web sont constitués de règles, de protocoles et de technologies établis afin de garantir le fonctionnement harmonieux et cohérent des sites et applications web, interopérables et accessibles indépendamment du navigateur ou de l’appareil utilisé. Ces standards couvrent différents aspects, parmi lesquels la gestion des données, l’accessibilité, l’expérience utilisateur ou encore le référencement. Ils sont principalement définis et régis par des organismes comme le World Wide Web Consortium (W3C) et d'autres groupes comme l'Internet Engineering Task Force (IETF) et l'ECMA International

Le W3C est une organisation internationale fondée en 1994 par Tim Berners-Lee, le principal inventeur du Web. Elle a pour mission de développer des standards ouverts pour garantir la croissance, l’accessibilité et la pérennité du Web. Cette organisation basée au MIT aux États-Unis, avec des bureaux en Europe et en Asie, a développé de nombreux standards web, dont certains sont en partie rentrés dans le langage commun, tels le HTML, CSS, XML et le protocole HTTP. 

Ces standards du web sont indispensables pour garantir l’interopérabilité, l'accessibilité, et la compatibilité entre différents navigateurs, appareils et utilisateurs. Ils jouent un rôle clé dans l'évolution du web en rendant les technologies plus fiables, accessibles et universellement compréhensibles. 

“Web standards for the future” - W3C

Concrètement, en quoi ces normes sont-elles fondamentales pour votre stratégie de marketing digital ? Il est important de comprendre qu’une donnée n’a de valeur (et d’existence) sur le web que si elle repose sur un référentiel permettant aux autres plateformes ou services de la reconnaître et de l’utiliser selon la fonction que vous avez attribuée à cette donnée. C’est, par exemple, parce qu’on a décidé et défini qu’un titre en est un qu’il sera reconnu comme ayant valeur de titre par les robots et moteurs de recherche. 

Les standards fondamentaux qui sont pertinents pour les opérateurs culturels concernent la structuration des pages Web et la description d’événements. La première des règles à adopter est de structurer vos données en balisant les informations pour les rendre plus compréhensibles par les moteurs de recherche. Pour cela, il est recommandé d’utiliser le vocabulaire Schema.org, et plus spécifiquement la catégorie "Event" (lien externe) pour les événements culturels.

“Get your event listed on google"

Les attributs à utiliser pour l’identification de spectacles dans le vocabulaire Schema.org :

  • name : Le nom de l'événement
  • startDate / endDate : Date et heure de début et de fin de l'événement.
  • location : Lieu de l'événement avec des informations comme l'adresse ou la salle.
  • performer : Nom de l'artiste ou du groupe.
  • offers : Information sur les billets (prix, disponibilité, lien d'achat).
  • eventStatus : Statut de l’événement (programmé, annulé, reporté)
  • audience : Type de public cible (ex. : familles, adultes).

Ces balises vont permettre aux moteurs de recherche de mieux interpréter et afficher les informations relatives aux événements dans les résultats de recherche, notamment dans des formats enrichis comme les "événements" Google. Ces standards, bien qu’essentiels, sont insuffisamment utilisés dans le secteur culturel et privent les lieux et leurs événements d’une partie de leur potentiel de rayonnement territorial, de découvrabilité également au travers du référencement.

Pour vérifier la conformité de votre propre site web, vous pouvez en inspecter le code source… ou demander à votre webmaster !

    Ces standards sont-ils adaptés aux données culturelles ?

    Schema.org est un fondement indispensable pour structurer le site Internet des institutions culturelles et le rendre lisible par les algorithmes de recommandations. Néanmoins, ce standard est insuffisant pour décrire de manière satisfaisante les biens et offres culturelles tels que les lieux de spectacle les proposent. Pour développer des usages supplémentaires et renforcer la découvrabilité des offres culturelles, il est essentiel de mieux décrire son contenu.

    Un certain nombre d’initiatives sont en cours dans le monde culturel pour créer des référentiels plus en phase avec les réalités de la donnée du spectacle. Ces projets travaillent notamment à l’établissement de graphes de connaissance : cette structure de données permet de représenter des informations de manière organisée et interconnectée. L’enjeu est notamment de documenter et contextualiser les relations entre les différentes données (interprètes d’un spectacle par exemple).

    La construction d'un graphe de connaissance nécessite d’intégrer des sources de données hétérogènes, comme des bases de données, des documents, et des pages web pour ensuite les structurer selon une ontologie, c'est-à-dire un modèle qui définit les types d'entités et leurs relations possibles dans un domaine donné.

    Cap Data Opera (FR)

    Le projet CapData Opéra - France 2030 est initié par la Réunion des Opéras de France (ROF). Il réunit huit partenaires, dont six maisons d’opéra : Opéra national de Bordeaux, Théâtre du Châtelet, Opéra de Limoges, Opéra Comique, Opéra national du Capitole de Toulouse, Opéra de Rennes et le réseau du TMNlab / laboratoire Théâtres & Médiations Numériques. Il porte sur “l’industrialisation d’une solution de structuration et de diffusion des données culturelles” dont le but est notamment d’améliorer la découvrabilité des œuvres, de développer les publics, de faciliter le travail des équipes en diminuant les saisies multiples. Il repose sur les données de 6 maisons d’opéra avec la volonté de faire émerger une solution largement réplicable sur l’ensemble du champ du spectacle vivant.

    Selon les chercheurs ayant publié un article sur ce projet (lien externe), "Cette solution de mutualisation permet d’interroger les données produites par plusieurs acteurs du domaine pour, par exemple, connaître la programmation et la circulation d’une œuvre ou d’une production entre plusieurs maisons d’opéra."

    Artsdata (CA)

    Le projet Artsdata.ca se concentre sur le secteur culturel canadien et a pour objectif de créer un graphe de connaissance large, qualitatif et ouvert pour le secteur culturel. Parmi les bénéfices attendus :

    • Créer de la connaissance, davantage de maîtrise et de compréhension des métadonnées descriptives relatives aux événements, aux personnes, aux structures et aux équipements.
    • Partager de manière programmatique les métadonnées des événements pour améliorer leur circulation et leur référencement.
    • Promouvoir la diversité des expressions culturelles et notamment des populations autochtones face au poids de la langue anglaise dans la construction du web

    Scapin (BEL)

    Le projet SCAPIN (pour SCène – API – Network) a pour objectif de concevoir une base de données des spectacles unique, via une modélisation qui ne se voit pas entravée par l’encodage parfois hasardeux ou au contraire trop précis du passé. Celle-ci offrira un accès aisé aux données, via une interface de consultation et une API (acronyme anglais pour interface de programmation d’application) permettant leur affichage, qui sera configurable sur d’autres sites, entre autres celui des compagnies partenaires.

    Dans la vidéo (en anglais) ci-dessous, Luc Wanlin, membre du projet et IT manager aux Archives et Musée de la littérature à Autreppe décortique les enjeux autour des données liées dans le spectacle vivant mais aussi les freins historiques liés à la nature des œuvres, la difficulté de créer des autorités et des identifiants uniques dans un secteur où l’écrit édité est minoritaire.

    "Unlocking performing arts global studies through ISNI" by Luc Wanlin

    LODEPA (Linked Open Data Ecosystem for Performing Arts)

    Certaines de ces initiatives comme Scapin font elles-mêmes partie de la communauté internationale LODEPA (Linked Open Data Ecosystem for Performing Arts). Cette communauté veut améliorer, au travers de l’initiative "Linked Digital Future" la découvrabilité des arts du spectacle par une meilleure utilisation des technologies de données liées (linked-Data). Elle favorise également la collaboration entre les différents acteurs de la chaîne de valeur des arts du spectacle.

    Si dans votre pays, une initiative existe, n’hésitez pas à la rejoindre, car ces référentiels reposent avant tout sur des communautés d’usagers !

    Pour aller plus loin

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